Trait d’union entre le faubourg et la vieille ville, le futur quartier Match-Hôpital répond-il aux enjeux d’un Plan Local d’Urbanisme (PLU) ambitieux tant en matière d’habitat que d’environnement ?
Au vu du résultat, Imaginons Obernai s’interroge.
Une approche différente
▶ Une opportunité pour les promoteurs-aménageurs et la ville d’Obernai ?
Construire un nouveau quartier, l’occasion unique d’ouvrir le débat sur les besoins de la commune et de s’accorder sur une vision d’urbanisme durable, d’associer les habitants en les invitant par exemple à visiter le chantier des fouilles archéologiques, en leur expliquant l’intérêt général d’un projet aussi ambitieux.
Ce n’est pas la démarche qui a été choisie.
Après avoir mené en amont les discussions avec la ville, toute prête à faire évoluer son PLU, c’est n’est que lors d’une réunion publique à la salle des fêtes que les promoteurs ont présenté les contours d’un projet abouti.
▶ Des logements chers
Les programmes du cœur de ville affichent des prix élevés, plus de 4 000 Euros du m2, loin d’être abordables pour les jeunes familles.
Aujourd’hui ces logements trouvent preneurs auprès d’une clientèle souvent âgée disposant de ressources ou d’investisseurs attirés par la défiscalisation.
Pour contrer le vieillissement de sa population et assurer son dynamisme démographique, la ville d’Obernai devait se donner les moyens d’accueillir de jeunes familles.
Les droits à construire ouverts par la modification n°4 du PLU résultent de la discussion menée entre les aménageurs et la ville, cette dernière ne manquait pas d’arguments pour encourager la mixité et intégrer à ce quartier une offre de logements accessibles.
▶ Une gestion privée du stationnement public
Le supermarché Match disposait d’environ 120 places de parking en surface.
A terme, après la requalification de l’ancien hôpital rempart Caspar, le secteur accueillera diverses activités, un hôtel de 80 chambres, des bureaux et 2 500 m2 de surfaces commerciales, qui génèrent de nouveaux besoins de stationnement.
Pour y répondre, c’est la solution de la mutualisation du stationnement dans un silo à voitures de 212 places qui a été retenue.
Ce silo à voitures public sera exploité par un privé, la ville d’Obernai n’ayant pas jugé opportun de s’associer à son financement malgré un intérêt général avéré.
Absente demain pour gérer et assurer l’entretien de ce parc de stationnement, la ville aura-t-elle son mot à dire sur les tarifs pratiqués ?
Quand bien-même, elle a généreusement accordé une garantie d’emprunt de 6,5 millions d’euros pour ce parking silo dont le coût constructif est estimé à 3,1 millions par son concepteur, le cabinet Lama architectes.
▶ Peu de place pour la végétation et les espaces verts
Outre le parking silo, les locaux commerciaux et de services, le quartier comprendra plus de 100 nouveaux logements et leurs stationnements résidentiels en sous-sol.
Ce programme dense va impliquer une importante imperméabilisation des sols.
Au plan paysager, un espace vert central est prévu sur le secteur de l’ancien Match, ainsi qu’une promenade longeant l’Ehn et les nouveaux bâtiments pour mener au parc de Hell.
D’une largeur modeste, ce cheminement doux ne permettra toutefois pas une renaturation satisfaisante des berges de la rivière dont une partie du couvert végétal a été sacrifiée.
Une nouvelle rue reliera le quartier au faubourg, l’ensemble restant très minéral, avec peu de plantations d’arbres à haute tige source de fraîcheur et sans réintroduction de l’eau dans le quartier, sur les traces du canal de l’Ehn qui le traversait.
Dans un contexte de changement climatique, ce sont pourtant les lieux de végétation et les espaces paysagers qui permettent de rafraîchir et d’assainir l’air ambiant.
Ces espaces plantés jouent aussi pleinement leur rôle dans la perception de la qualité de vie, rendant la densité urbaine acceptable.
La modification n°4 du PLU de la ville d’Obernai a permis de fixer les contours du futur quartier Match-Hôpital.
La mixité des fonctions urbaines, entre commerces, services, stationnement public et logements, répond bien à l’ambitieux projet des promoteurs immobiliers en faveur d’un programme dense.
Au plan de l’habitat, cette urbanisation nouvelle n’est malheureusement pas accessible aux primo-accédants et aux jeunes familles.
Au plan environnemental, le choix de la densité, en artificialisant fortement les sols, laisse peu de place à la végétalisation et aux îlots de fraîcheur.
Au final, un renouvellement urbain qui passe à côté d’enjeux très importants.
A court terme, notre PLU va évoluer vers un PLU intercommunal (PLUi), Imaginons Obernai s’engagera pour que le futur document d’urbanisme comprenne des outils permettant un déploiement urbain cohérent, respectueux de la mixité de l’habitat et de l’environnement.
… A lire également, le 1er volet de cet article portant sur l’urbanisation du secteur Match-Hôpital et le focus consacré au projet Capucinière…